Niourk (Vatine & Wul)

Publié le par k.bd

entete niourk

 

Tout en s’excusant pour cette fin du monde ratée, pourtant annoncée longtemps à l’avance par nos amis Mayas, l’équipe de K.BD poursuit son thème post-apocalyptique en partant à la découverte d'une tribu primitive domiciliée dans la vaste dépression située entre la chaîne Cuba au nord, les monts Haït à l'est et les lointains contreforts du massif Jamaî. Alors que le gibier et la pluie se font rares et menacent la survie du clan, le « vieux », « celui-qui-sait » et qui porte le collier de vertèbres, symbole des ancêtres disparus, décide d'aller prier les dieux dans un lieu tenu secret. Tandis que tous s’inquiètent de ne pas le voir revenir, c’est Niourk, le seul enfant noir de la tribu, tenu à l'écart par sa différence, qui part à la recherche du vieux shaman… voyage qui l’emmènera au pied des vestiges d’une ancienne civilisation…

Paru en même temps le premier volet du diptyque OMS en série, Niourk inaugure la collection d’adaptation lancée par Ankama et Comix buro, axée sur l’œuvre de Stefan Wul. Au long de ses onze romans publiés dans la célèbre collection « Anticipation » des éditions Fleuve Noir entre 1956 et 1959, ce dernier - Pierre Pairault de son vrai nom - a su s’imposer comme le grand maître de la Science-Fiction française. Ses mondes imaginaires ont inspiré un grand nombre d’artistes, qu’ils fussent issus de la littérature ou du cinéma. À travers cette collection intitulée « Les Univers de Stefan Wul », c’est dorénavant le neuvième art qui offre à de nombreux auteurs de talent (Olivier Vatine, Jean-David Morvan et Mike Hawthorne, Didier Cassegrain et Yann, Denis Lapierre et Mathieu Reynes) l’occasion de rendre hommage au maître en adaptant ses œuvres à notre média de prédilection. Le premier à s’y prêter est Olivier Vatine (Aquablue), qui remet à neuf son second ouvrage : Niourk !

Sur une Terre post-apocalyptique où les hommes sont retournés à un mode de vie primitif, fait de chasse et de sacrifices aux divinités, l’auteur invite à suivre la destinée d'un enfant noir, tenu à l’écart par la tribu préhistorique. Dans ce quotidien où l'instinct de survie prime devant l'humanité, le lecteur découvre la quête initiatique de ce garçon qui part à la découverte d’un monde mystérieux recelant de nombreux dangers. Si la plongée dans une ambiance de fin du monde est immédiate, c’est seulement au fil des pérégrinations de ce jeune homme qui cherche sa place et son chemin, que le passé de notre planète, ravagée suite à une catastrophe écologique, se dévoile.

La découverte de vestiges d’une civilisation ancienne confirme bel et bien que l’on se situe dans un roman d’anticipation, où les hommes doivent payer les erreurs de leurs ancêtres. En pointant du doigt les dérives de l’Homme moderne et leur impact des plus néfastes sur notre terre, Stefan Wul démontre qu’il abordait déjà des sujets qui s’avèrent toujours d’actualité. L’empathie envers les personnages se retrouve renforcée par cette narration à la première personne qui invite à partager le point de vue et les pensées du héros.

Olivier Vatine restitue brillamment l’ambiance post-apocalyptique du roman et brosse un univers d'une grande force, tout en insufflant beaucoup de rythme au récit à l’aide d’un découpage très cinématographique. Des paysages désertiques de toute beauté aux ruines de notre civilisation, le dénuement des hommes se retrouve magnifié par une colorisation particulièrement réussie qui donne à voir un monde crépusculaire menaçant. Alternant panoramiques impressionnants et zooms dynamiques sur les personnages et leurs actions, Olivier Vatine passe allègrement de scènes d’introspection, où le jeune garçon tente de trouver sa propre voie, à des passages dominés par l’action, où les humains doivent affronter les nombreuses menaces de ce monde, livrant ainsi une adaptation particulièrement réussie et accessible à tous.

PaKa parle d’un coup d’essai parfaitement réalisé pour lancer cette collection ô combien prometteuse et bienvenue dans le paysage bédégraphique actuel. OliV' se demande s’il faut associer la fin du monde à un nouveau départ, tout en soulignant un premier volet particulièrement alléchant, parfait pour (re)découvrir le roman de Stefan Wul. Choco attend la suite avec impatience et parle d’une réussite, tant au niveau de la narration que du dessin. Alliant force et simplicité, Olivier Vatine a su s'approprier et mettre en image un univers qui ne manquait déjà pas de caractère, remettant ainsi au goût du jour un chef d'œuvre de la science-fiction. Quant à moi, je parie que cette mise en bouche convaincante devrait inciter les lecteurs à découvrir les autres adaptations de l’œuvre de Stefan Wul, dont le premier tome de Oms en série, adapté par Jean-David Morvan et illustré par l’Américain Mike Hawthorne.

Bref, un titre qui fait l’unanimité au sein de l’équipe K.BD… que vous faut-il de plus comme gage de qualité ? 

 

avatar yvan couleur

Publié dans Synthèses

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M
En effet! Cette unanimité est une preuve de qualité. Chef d'œuvre de la SF et coup d'essai réussi pour la BD. Je note donc!
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