Ping pong (Matsumoto)

Publié le par k.bd

entete ping pong

 

Attention, mon nom n’est peut-être pas Smokey, mais ça ne m’empêche pas d’annoncer haut et fort qu’il va y avoir du sport !

Alors que les joueurs de Wimbledon ont droit à leur traditionnel dimanche de repos, que la finale de l’Euro 2012 est sur toutes les lèvres, que les cyclistes du Tour de France donnent leurs premiers coups de pédale, que les plus grands sportifs ont déjà les yeux rivés sur les Jeux Olympiques et que les commentaires de Thierry Roland nous manquent déjà, les membres de K.BD se préparent également à transpirer durant tout le mois. Le thème de juillet ne leur laisse d’ailleurs pas trop le choix, l’objectif étant clair et net : Le sport et le dépassement de soi !

Sur avis de notre préparateur physique (NDLR : celui qui prépare Champi à la traversée de l’Atlantique à la nage), nous avons décidé de commencer calmement par une petite partie de tennis de table en compagnie de deux lycéens venus tout droit du Japon : Makoto Tsukimoto (dit Smile) et Yutaka Hoshino (dit Péko). Si les deux pongistes s’adonnent au même sport, il n’y a cependant aucun risque de les confondre car tout les oppose : le premier, plutôt introverti, cache derrière ses lunettes une forme d'amicale résignation, alors que le second, sous sa coupe au bol, affiche un caractère trempé et extraverti, volontiers provocateur. Mais, suffisamment palabré, laissons les s’entraîner car les championnats inter-lycées approchent à grands pas et l'entraîneur de l'équipe a repéré le potentiel de Smile. Même si ce dernier ne souhaite pas faire de vagues et aimerait bien que les gens le laissent vivre tranquillement, son coach semble bien décidé à faire éclore tout son potentiel. Laissons les donc suer un peu et parlons de Ping Pong.

Ping Pong est un manga en cinq volumes du mangaka Taiyou Matsumoto (Printemps bleu, Amer béton, Frères du Japon, Number 5, Gogo Monster). Le couple Smile-Péko n'est d’ailleurs pas sans rappeler celui de Noiro et Blanko. Tout comme les deux héros d’Amer béton, tout semble opposer Makoto Tsukimoto et Yutaka Hoshino. Pourtant, tels le yin et le yang, leur complémentarité et une longue amitié les rend inséparables. Smile ne veut pas faire de sacrifices pour ce qu’il considère être un loisir, ni faire tomber quelqu’un d’autre pour vaincre, tandis que Péko se donne à fond et est prêt à tout pour gagner. Tous les deux jouent au tennis de table comme ils se comportent dans la vie.

Ping Pong n'est en effet pas seulement une énième variation sur le thème de l'accomplissement de soi par la pratique d'un sport, mais également un témoignage fidèle de la dureté de l'environnement scolaire japonais. En utilisant le tennis de table comme métaphore de la vie, l’auteur parvient à créer une histoire prenante autour d’un sport pour lequel le lecteur n’est pas obligé d’avoir une affinité. Les protagonistes évoluent au fil des épreuves, des rencontres et des obstacles, au sein d’une société japonaise extrêmement exigeante envers des jeunes qui doivent constamment viser l'excellence et qui subissent au quotidien une énorme pression de la part de leurs proches et de leurs enseignants.

A ce simple mais juste ballet psychologique, Matsumoto fait correspondre, par son inimitable trait expressionniste, la danse des corps des joueurs de tennis de table. Mouvements suspendus, brusques accélérations, gestes brisés ou anatomiquement improbables, tension palpable jusqu'au bout des chaussures ou de la raquette... Le graphisme de l’auteur peut ne pas plaire à tout le monde, mais il est extrêmement efficace et retranscrit admirablement bien les mouvements. Dynamique lors des actions, humain lors des discussions et symbolique jusque dans les plus petits détails, le dessin de Taiyou Matsumoto se place au diapason d’un manga rempli d’émotions, de sensibilité et de poésie.

Et alors que la rencontre se termine à peine, je tend déjà mon micro à des membres de K.BD encore essoufflés par cette énorme débauche d’énergie, afin de recueillir à chaud leurs premières impressions. Dire que Champi s’est mouillé pourrait prêter à confusion, mais le fait qu’il ait quitté ses entraînements draconiens en piscine pour vous parler de Ping Pong en dit long sur la qualité du récit. Mr. Zombi, qui avoue être un véritable boulet, est surtout frustré de ne pas pouvoir vivre l’issue du tournoi car la plupart des prochaines rencontres sont apparemment déjà sold-out (Avis à l’éditeur qui n’aurait pas compris la métaphore : « Faites chauffer l’imprimante et rééditez les tomes manquants !!! »). Quant à moi, je n’ai qu’un seul conseil à vous donner : ne manquez pas la rediffusion !

Si seulement trois membres de K .BD sont arrivés au bout de ce premier effort physique, nul doute que les autres s’entraînent avec acharnement pour dimanche prochain car… il va à nouveau y avoir du sport !

 

avatar yvan couleur

Publié dans Synthèses

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