Soil (Kaneko)

Publié le par k.bd

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Deuxième volet sur le thème de l'Urbanité. Pour le coup, quittons la banlieue française agitée et prenons l'avion direction le Japon. Douze heures de vol bien accroché et nous voici dans une petite cité-dortoir résidentielle plutôt calme, d'ordinaire...
Atsushi KANEKO, à qui on doit le déjanté Bambi, maison d'édition : IMHO, va nous faire découvrir SOIL, une agglomération annoncée comme idéale. Pour le savoir, il faudra arriver, sans nul doute, au terme de cette série en 11 volumes, et dont les 8 premiers sont déjà publiés en Version Française chez Ankama éditions. Voici ce qu'il en résulte entre les murs du premier volume :

SOIL, c'est le nom de cette ville nouvelle, Soil « New Town ». Exit les barres d'immeubles, il s'agit plutôt dans notre cas d'une multitude de pavillons neufs aux rangées invariables et orthogonales, afin d'éviter la surpopulation des centres-villes. Soil, c'est le genre de nouveaux centres au style artificiellement préfabriqué. Bref, ces maisons là, ça pousse comme des champignons sur des terrains désertiques, où le profit économique fera la différence. Chacun ses méthodes pour loger la population, mais de cette conception, il en ressort un malaise, une sensation familière de non-retour. L'absence de contexte historique dans ce type de ville en donne un reflet d'une société actuelle très énigmatique. En somme, un monde multi-face pour reprendre David : La ville de Soil est un phénomène, un monde parfait qu'Atsushi Kaneko va prendre un malin plaisir à démonter pièce par pièce... D'autant plus que cette ville va subir d'étranges phénomènes. Une coupure d'électricité générale et tout bascule.

Au départ, comme nous l'explique Zorg (et, il ne peut que le confirmer maintenant qu'il a visité le Japon durant l'Hanami...), Soil est une petite bourgade fleurie, sympathique, où il y fait bon vivre, ses habitants sont accueillants, prévenants et sont tous plus ou moins impliqués dans la vie du village. Mais voilà que quelque chose s'est brisé. La tranquillité reconnue de Soil s'en est allée. Une famille entière vient de disparaître mystérieusement, en rapport avec cette coupure électrique ? Pas seulement. Outre la disparition, c'est le contexte qui dérange. Et pour cela, une enquête est ouverte. Aux commandes, une équipe de choc : le capitaine Yokoi, un vieux flic, certes expérimenté mais bourré de défauts, misogyne, vulgaire et sexiste. Il est accompagné du lieutenant Onoda, une jeune femme plutôt gauche et pas très jolie mais pleine de bonne volonté. Ces deux-là vont avoir fort à faire d'autant que les indices se font rares et que les phénomènes étranges se multiplient. Les habitants de Soil se démasquent, les secrets tombent et les côtés sombres se dévoilent. Bienvenue dans une atmosphère malsaine et oppressante, mais ô combien palpitante.

Thriller haletant doublé de fantastique Soil d'Atsushi Kaneko est un manga surprenant, intriguant et différent, avec des personnages tous plus ou moins tordus et où personne ne parait innocent. Entre le Capitaine Yokoi, que l'on surprend régulièrement à se mettre le doigt dans le nez et le Lieutenant Onoda, avec ses lunettes de travers et cassées, cela donne vraiment peu d'assurance à la résolution de l'enquête. Les rencontres qu'ils vont faire ne vont pas non plus les aider, chacun y mettant du sien dans sa naïveté. C'est véritablement un labyrinthe où le risque de se perdre dans les blocs de cette ville est présent page après page. Un tourbillon envoûtant presque surnaturel est au centre de cette histoire. Accrochez-vous !

Une sensation familière avec les banlieues américaines se fait sentir. D'ailleurs, pour Yvan, cet album se démarque des codes classiques et propose un style assez inhabituel, largement influencé par la culture américaine underground. Avec un découpage par séquence, les détails du quotidien de cette bourgade sont décortiqués au cas par cas. Cela nous aide à nous familiariser avec les habitants et à s'attacher bien malgré nous, mais avec plaisir, à ce fameux duo policier. L'agitation est palpable dans le noir et blanc des images. Le trait est plutôt réaliste et ça déborde de sourire et de sueur, un mélange chimérique où l'imaginaire utilise toutes les facettes. Pourtant, pour Choco, la voix discordante de l'équipe sur cette lecture, les personnages lui ont paru hautement antipathiques. Elle développe en expliquant que les trames sont quasi absentes et donnent un résultat assez froid et distancé sur l'environnement et ses habitants, et parfois même fouillis. Nous sommes loin effectivement de l'archétype du manga habituel.
Champi nous explique même que tout est bon pour déstabiliser le lecteur et le mettre mal à l'aise. Le graphisme installe une atmosphère lente, pesante et finit par instiller un malaise dont on ne peut se défaire. Mais rassurez-vous, ce premier volume est, au delà des bizarreries, un récit loufoque, bourré d'humour ironique et au rythme effréné. Le talent narratif de Kaneko campe tous les éléments pour attiser la curiosité du lecteur. L'énigme ne fait que commencer.

La majorité de l'équipe K.BD rejoint toute fois David F. : « Excellent début de série et à suivre donc avec impatience. »
Pour ma part, j'ajouterais que Soil, c'est cool, ça fait peur et c'est addictif, bien urbain en somme !

 

 

avatar Oliv couleur

Publié dans Synthèses

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